Le 19 septembre, Alibaba réalisait la plus grosse introduction boursière (IPO) de l’histoire en levant 25 milliards de dollars. En une seule journée, l’action BABA s’est appréciée de plus de 40%, à 93.89 $. A la clôture, le géant du commerce en ligne chinois (lire encadré) valait ainsi pas moins de 231 milliards de dollars, soit plus que Facebook (200 milliards) et Amazon (153 milliards).
Depuis, l’enthousiasme est un brin retombé. Le 7 octobre, l’action terminait à 87.67 $, soit une baisse de 6,62% depuis la première clôture. Pas de quoi paniquer, bien sûr, et on songe aussi à Facebook, dont l’introduction de l’action à 38 $ au Nasdaq, en mai 2012, avait rapidement viré au cauchemar, allant jusqu’à perdre plus de la moitié de sa valeur en trois mois, avant d’entamer une incroyable remontée. Le 7 octobre de cette année, elle clôturait ainsi à plus de 76 $, soit le double du cours d’introduction. De quoi donner des idées pour Alibaba!
Des précédents
Ce d’autant plus que Facebook n’est pas le seul exemple édifiant dans le domaine de l’internet. Autre géant bien connu, eBay, dont l’action introduite en Bourse en septembre 1998 à 1,66 $ vaut désormais près de 53 $! Il est vrai que son cours a connu des hauts (58 $ en décembre 2004) et des bas (moins de 11 $ en février 2009).
Dès lors, selon la date d’achat et de vente, certains investisseurs ont réalisé des gains mirifiques, tandis que d’autres ont subi des pertes importantes. Et puis comparaison n’est pas raison, d’une part, parce chaque entreprise a ses spécificités et sa trajectoire propre, d’autre part, car les sociétés liées à internet ont connu des destinées fort diverses. Si certaines s’en sortent bien, d’autres, comme Myspace ou Netscape, ont connu un décollage boursier fulgurant, avant d'affronter les pires déboires, comme l’avait rappelé Salvatore Cantale, professeur de finance à l’IMD de Lausanne, à Tout Compte Fait avant l’entrée en Bourse de Facebook*.
Plus globalement, certains préconisent la stratégie du «wait and see» (attendre et voir). C’est le cas du professeur Amit Goyal, directeur du département finance à la Faculté des Hautes études commerciales (HEC) de Lausanne: «Personnellement, je n’investis jamais dans les actions des IPO. Leur prix est souvent surévalué et je trouve le comportement des investisseurs irrationnel.» Il préfère donc attendre entre six mois et une année après l’IPO, afin d’observer l’évolution du cours boursier et celle de l’entreprise. En ce qui concerne l’avenir d’Alibaba, le directeur du département de finance de la HEC Lausanne se veut positif: «Sa stratégie est bonne. Je suis confiant pour cette entreprise et les bénéfices qu’elle dégagera à l’avenir.»
*«Facebook, le pari à haut risque», TCF 4/2012.
Qui est le géant chinois Alibaba
«Alibaba est la plus grande plateforme commerciale en ligne business to business dans le monde» peut-on lire sur le site du groupe. Parfois qualifiée d’«eBay chinois», l’entreprise ne vend pas de produits en ligne, elle-même. Elle met, en fait, en relation des acheteurs et des entreprises du monde entier, qui viennent y proposer leurs produits sur différentes plateformes dont Alibaba.com (vente en gros), aliexpress.com (vente en gros et au détail) et taobao.com (vente en gros et au détail en Chine).
Le géant, qui réalise toujours la majorité de son chiffre d’affaires en Chine, a entrepris une politique de diversification qui l’a amené à acquérir ou à prendre des parts dans différentes sociétés comme China-Vision et AutoNavi.
Alibaba a été fondé en 1999 par My Yun, alias Jack Ma, 49 ans, un ancien modeste professeur d’anglais, pionnier de l’internet chinois, ardent défenseur de l’environnement et désormais l'homme le plus riche de l’Empire du Milieu.