Alcopops: loi contournée
Un nouvel impôt devait rendre les alcopops trop chers pour les jeunes. Mais une simple modification de la recette permet d’éviter la surtaxe. Du coup, ces boissons cartonnent à nouveau.
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Bon à Savoir 01-2005
12.01.2005
Dernière mise à jour:
06.03.2023
Jacqueline Favez
Les alcopops et les premix font leur retour en force en Suisse. Le nouvel impôt qui, depuis le 1er février 2004, taxe lourdement ces mélanges d’alcool fort et de soda n’aura pas fait son effet longtemps. En un peu plus de six mois, les fabricants ont en effet trouvé le moyen de contourner la loi suisse, en réduisant la proportion de sucre dans leurs breuvages respectifs.
Car c’est justement un taux de sucre d’au moins 50 g par litre qui classe une boisson distillée, dont la...
Les alcopops et les premix font leur retour en force en Suisse. Le nouvel impôt qui, depuis le 1er février 2004, taxe lourdement ces mélanges d’alcool fort et de soda n’aura pas fait son effet longtemps. En un peu plus de six mois, les fabricants ont en effet trouvé le moyen de contourner la loi suisse, en réduisant la proportion de sucre dans leurs breuvages respectifs.
Car c’est justement un taux de sucre d’au moins 50 g par litre qui classe une boisson distillée, dont la teneur en alcool est inférieure à 15% du volume, dans la catégorie visée par cette modification de la loi sur les alcools. Depuis février 2004, la taxe prélevée par bouteille d’alcopop a ainsi passé de 45 à 50 ct. en moyenne à 1,80 à 2 fr., soit une augmentation de 300%. Les Chambres fédérales ont introduit cette lourde taxation dans le but d’opérer une «prévention par le porte-monnaie», espérant que le prix prohibitif des alcopops découragerait les jeunes consommateurs, très friands de ces boissons suffisamment douces pour masquer le goût de l’alcool.
Mais alors que les ventes d’alcopops ont chuté de plus de 40% en milieu d’année (11,67 millions de bouteilles importées entre janvier et août 2004, contre 19,88 millions pour la même période en 2003), elles ont repris de plus belle à partir de septembre dernier, grâce à cette nouvelle recette moins sucrée et donc moins taxée.
Mieux cibler l’âge
Pour Janine Messerli, porte-parole de l’Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA), les statistiques ne permettent toutefois pas d’affirmer que ce sont essentiellement les jeunes qui ont repris l’habitude de consommer des alcopops. Logiquement, le nouveau goût moins sucré de ces boissons devrait leur déplaire, mais personne ne peut vraiment l’affirmer. «Nous sommes donc en discussion avec la Régie fédérale des alcools pour mettre sur pied des statistiques qui nous permettent de mieux cibler l’âge des consommateurs, mais ce sont des chiffres difficiles à obtenir.»
S’il s’avère toutefois que l’industrie a gagné son pari et reconquis son juvénile marché, le gouvernement devra revoir sa copie. Peut-être suivra-t-il l’exemple de la France, où ce n’est pas le taux de sucre qui compte, mais plutôt l’emballage. En effet, les boissons alcoolisées conditionnées en récipient de moins de 6 dl sont spécialement taxées, ce qui inclut les alcopops, vendus en canette ou bouteille de 2,5 à 3 dl.
J. F.