Tant que la santé va… On connaît la chanson, mais on n’y pense pas vraiment lorsqu’on se sent en forme. Ainsi, dans notre pays, un hypertendu sur trois n’a pas conscience de son état. Et la moitié des personnes diabétiques ignorent qu’elles le sont.
Or, le dépistage précoce d’un certain nombre de maladies permet d’accroître les chances d’en guérir. D’où l’importance d’effectuer des check-up réguliers, selon son âge, son sexe, ses antécédents et ceux de sa famille. C’est particulièrement vrai pour dépister les affections responsables de deux décès sur trois en Suisse et en diminuer la mortalité: les maladies cardiovasculaires (38% des décès) et les cancers (25%).
Grâce au dépistage à large échelle, le taux de décès du cancer du col de l’utérus, par exemple, a baissé de plus de 50% en 25 ans!
La Loi sur l’assurance maladie (LAMal) définit précisément les examens préventifs remboursés par l’assurance de base. De plus, dès qu’un patient présente un facteur de risque, le contrôle est pris en charge. Cela lorsque le dépistage se fait à la demande de l’assuré ou à l’initiative du médecin.
Découvrez en page suivante, le calendrier des examens de dépistage recommandés par la Ligue suisse contre le cancer et la Fondation suisse de cardiologie, selon le sexe et l’âge.
Les maladies cardiovasculaires
Pour prévenir les maladies cardiovasculaires, le bilan est relativement aisé à dresser. Il consiste en un ensemble d’examens de base.
> Dès 18 ans: la mesure de la tension artérielle. Fortement recommandée, à faire toutes les années chez votre médecin ou votre pharmacien.
Prix: 8 fr. (1) Pas couverte par l’assurance de base si sollicitée dans le cadre d’un check-up.
> Dès 35 ans pour les hommes, 45 ans pour les femmes: le dosage sanguin du cholestérol total et du mauvais cholestérol (LDL). Fortement recommandé tous les cinq ans, mais tous les ans en cas de suspicion ou de prédisposition héréditaire.
Prix: 9.80 fr. si réalisé par le médecin. Pris en charge dans le cadre d’une consultation.
> Dès 35 ans pour les personnes souffrant d’hypertension artérielle ou d’excès pondéral: le contrôle du taux de glycémie (sucre dans le sang). Recommandé tous les trois ans, mais tous les ans en cas de suspicion ou de prédisposition héréditaire.
Prix: 9 fr. Pris en charge par l’assurance de base si requis par un médecin ou du personnel médical.
> Pour les adultes souffrant d’excès pondéral: le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC). Il s’obtient en divisant le poids par la taille au carré (p.ex. pour quelqu’un pesant 60 kg pour 1,72 m, 60 : 1,722 = 20,28). Dans l’idéal, il se situe entre
20 et 25.
Prix: compris dans le bilan de santé. Calcul de l’IMC couvert par l’assurance de base.
Le dépistage du cancer
Certains cancers peuvent se développer pendant plusieurs années sans symptômes. Leur dépistage est donc primordial. D’autant que les dernières études indiquent que 5 à 10% des cas de cancers du côlon et du sein – les plus répandus – seraient d’origine héréditaire. Rien n’est encore prouvé pour les autres types. Mais si une ou plusieurs personnes de sa famille ont été atteintes d’un cancer, il faut en parler à son médecin, afin d’évaluer la nécessité et les possibilités de dépistage.
Cancer du sein
> Femmes avec antécédents familiaux: plus le nombre de proches parentes touchées par un cancer du sein ou des ovaires est élevé et plus celles-ci ont développé la maladie jeunes, plus les investigations devraient commencer tôt, en règle générale cinq à dix ans avant l’âge d’apparition du cancer le plus précoce dans la famille.
Ainsi, une fille dont la mère a été touchée à 40 ans devrait se soumettre à des contrôles dès l’âge de 30–35 ans.
> Toutes les femmes dès 20 ans: évaluation par le gynécologue du risque (faible, modéré ou élevé) de développer plus tard un cancer du sein par l’analyse des antécédents familiaux et de données épidémiologiques complémentaires (âge des premières règles, âge au premier accouchement, etc.).
Autopalpation des seins, à faire une fois par mois, pour déceler toute modification (2).
> Femmes à risque élevé, dès 25 ans: examen clinique (observation et palpation) à effectuer deux à trois fois par an, mammographie, échographie et IRM chaque année.
> Femmes dès 30 ans: examen clinique (observation et palpation) une fois par an pour les risques faibles, deux fois pour les risques modérés. Puis une mammographie (ou échographie) par année dès 40 ans pour les risques modérés.
> Femmes de 50 à 70 ans (à risque faible, sans antécédents familiaux): une mammographie recommandée tous les deux ans.
Les cantons romands offrent tous des programmes de dépistage systématique pour les femmes entre 50 et 70 ans.
Depuis peu, ce dépistage est même recommandé pour les femmes dès 40 ans, des études ayant montré une réduction du risque de mortalité par cancer du sein de 15% en cas de dépistage dès cet âge.
Prix: 140 fr. Remboursée par l’assurance de base si la mammographie a lieu dans le cadre d’un programme officiel ou sur décision médicale.
Cancer du col de l’utérus
> Femmes dès 25 ans: un dépistage annuel deux années de suite, puis tous les trois ans, si les deux premiers étaient négatifs.
Prix: 73.10 fr. Pris en charge par l’assurance de base.
Cancer de la prostate
> Hommes dès 50 ans: dosage du PSA (antigène spécifique prostatique) et examen digital du rectum tous les ans. L’utilité de ce dépistage sur des hommes sans symptômes reste controversée parmi les spécialistes. Les résultats d’une vaste étude internationale sur ce sujet, menée également en Suisse, sont attendus pour 2007-2008.
Prix: entre 25 et 73.10 fr. Pris en charge par l’assurance de base si examen requis par un médecin.
Cancer du côlon
> Femmes et hommes dès 50 ans: recherche de sang dans les selles recommandée tous les deux ans.
Prix: 122.50 fr. (effectuée pour 30 fr. seulement en pharmacie). Prise en charge par l’assurance de base.
Cancer de la peau
› A tout âge: contrôler soi-même trois à quatre fois par année si des taches de pigmentation suspectes ont subi des modifications, surtout si les contours de la tache ne sont pas nets. Informations sur www.
melanoma.ch (lire également en page IV).
Les maladies oculaires
En Suisse, 7% des patients diabétiques sont malvoyants. Mais lorsqu’ils se rendent compte que leur vision a baissé, les lésions sont généralement déjà bien avancées. Pourtant, dépistées assez tôt, la plupart des affections oculaires, dues au diabète ou à un autre problème, peuvent être traitées avec efficacité. Sans quoi, elles risquent d’entraîner la cécité.
Des contrôles réguliers de la vue sont donc recommandés pour les:
> Patients diabétiques: sans lésion diagnostiquée, un contrôle tous les deux ans. Dès que l’atteinte est là, une visite tous les six mois.
> Femmes et hommes dès 40 ans: en cas d’antécédents familiaux de glaucome (pression élevée qui endommage le nerf optique et peut aboutir à une réduction de vision ou à la cécité), un contrôle par année. Car 30% de ces affections sont d’origine héréditaire. Pour les autres, un contrôle tous les trois ans suffit.
> Femmes et hommes dès 60 ans: chaque année pour dépister le glaucome et la cataracte.
Tous les examens cités ci-dessus sont pris en charge par l’assurance de base.
Prix: 200 fr. environ.
Carole Pellouchoud
(1) Tous les prix sont indicatifs; base: tarifs du canton de Vaud en vigueur en 2007.
(2) Informations sur
www.breastcancer.ch et
www.swisscancer.ch
Bonus Web: L’auto-examen des seins