Un début de mal de tête? Hop, on avale un ou deux comprimés. La boîte d’Aspegic est vide? On prend un Dafalgan. Des gestes pourtant pas anodins: «Jusqu’à un certain dosage, les antidouleurs sont en vente libre. Mais ils ont aussi
des effets secondaires, et des interactions, parfois graves, avec d’autres médicaments», avertit Anne-Marie Bollier, pharmacienne genevoise.
Rappelons d’abord qu’avoir mal signifie: attention, quelque chose dysfonctionne dans ton corps! On distingue entre:
> Douleur chronique: on la considère comme telle après 3 mois. Il faut la traiter le plus vite possible, sinon elle risque de devenir une maladie à part entière. En effet, la transmission continue de messages douloureux transforme les fibres nerveuses. Le système nerveux crée alors une mémoire de la douleur.
> Douleur aiguë: c’est la réaction ordinaire du corps à un stimulus douloureux. Lors d’une brûlure, coupure, etc., des récepteurs présents dans tout l’organisme envoient des stimuli chimiques, mécaniques ou thermiques, ressentis comme douleur à travers les nerfs vers le cerveau. La douleur peut également être provoquée par une dégradation des nerfs. Alors, les antalgiques sont inutiles.
Du paracétamol
à l’aspirine
Aujourd’hui, on trouve quatre substances actives principales contre la douleur aiguë (voir tableau).
> Le paracétamol (original: Panadol): le plus vendu, et le moins toxique, généralement très bien toléré. Il a une incidence plus faible sur la coagulation et sur les intestins que l’acide acétylsalicylique (Aspirine). Mais en surdosage, il peut aussi provoquer de graves dommages au foie (voir tableau ci-dessous) notamment.
> L’ibuprofène (Algifor): c’est le plus récent et second du hit-parade. Il est rarement associé à des problèmes de foie, de reins ou d’estomac, mais a les mêmes effets indésirables que l’Aspirine à dose plus élevée.
> Le naproxène sodique (Aleve): aussi bien toléré que le paracétamol et l’ibuprofène, il a cependant une durée d’élimination plutôt longue. D’où la nécessité de prendre certaines précautions d’emploi. Ainsi, il ne doit pas être donné aux enfants de moins de 16 ans sans prescription médicale.
> L’acide acétylsalicylique (Aspirine): l’ancêtre des antidouleurs, plus que centenaire, ralentit aussi la coagulation du sang et peut provoquer brûlures d’estomac et ulcères, notamment. C’est pourquoi il a été très longtemps décrié. Cependant, son efficacité n’est plus à prouver. De plus, on lui découvre régulièrement encore d’autres propriétés positives.
Mêmes effets
En général, ces antalgiques ont le même effet: à faible dose, ils agissent contre la fièvre et la douleur (maux de dents, de tête, etc.), et à dose plus élevée, contre les inflammations.
«Les fabricants vantent tel médicament pour ses bienfaits en cas de problèmes musculaires et un autre contre les maux de règles, par exemple. Ce n’est que du marketing. On ne saurait cibler ainsi les douleurs», souligne Anne-Marie Bollier.
Le patient devrait donc utiliser le vaste choix à sa disposition pour trouver le médicament qui lui convient le mieux, sans se soucier des slogans publicitaires.
Risque de double emploi
Par ailleurs, il existe aujourd’hui de nombreux médicaments équivalents (p.ex. Acetalgin, Contra-Schmerz, Dafalgan, Perfalgan, ou encore Tylenol, etc., au lieu du Panadol).
Mais souvent les patients ignorent qu’ils contiennent le même principe actif. Ils risquent donc d’absorber deux fois le même, et d’en accroître les effets indésirables. D’où aussi l’importance de lire les notices d’emballage et de respecter les indications.
Comprimé, poudre, etc.
Aujourd’hui, les antalgiques sont vendus sous diverses formes galéniques – comprimés, poudres, etc. – plus ou moins équivalentes. Cependant, les poudres et tablettes effervescentes agissent légèrement plus rapidement que les comprimés à avaler, car elles sont déjà dissoutes. De même pour les suppositoires, que bien des gens ne savent d’ailleurs pas utiliser correctement: il faut les introduire avec le côté non pointu en avant, permettant ainsi au sphincter de se refermer plus facilement sur le côté pointu.
Les comprimés à croquer, eux, sont pratiques en voyage ou en déplacement. Et ceux à laisser fondre sous la langue appréciés par qui peine à avaler.
Mais finalement, comme le choix même de l’antidouleur, celui de la forme galénique est avant tout une affaire personnelle. Ellen Weigand
(1) Listes par substance active sur: www.generika.cc
conseils pratiques
N’oubliez pas le verre d’eau!
Les antalgiques suppriment les fonctions des prostaglandines, principaux transmetteurs du signal de la douleur vers le cerveau. Mais ce faisant, d’autres effets de ces transmetteurs sont annulés. Dont la protection de la paroi de l’estomac. C’est pourquoi tous les analgésiques (sous forme de suppositoires aussi) peuvent provoquer brûlures et nausées notamment.
Pour les prévenir, ainsi que d’autres désagréments encore, suivez les recommandations suivantes d’Anne-Marie Bollier:
> Essayer d’abord d’autres moyens avant de recourir à l’antalgique. Boire un grand verre d’eau fraîche et/ou faire une promenade à l’air frais, ou se relaxer peut faire disparaître un mal de tête.
> Boire au moins 1 verre d’eau. Cela évite que le comprimé resté collé à la paroi de l’œsophage ou de l’estomac et diffuse son principe actif de manière trop concentrée sur un seul endroit (d’où les brûlures, voire des lésions de la muqueuse).
> Respecter la posologie et attendre que l’analgésique fasse effet. Il met 30 à 40 minutes pour se dissoudre et jusqu’à ce que sa concentration dans l’organisme soit assez forte.
> Ne pas attendre d’avoir trop mal, mais le prendre avant, sinon il faut toujours plus d’antidouleur pour le calmer.
> Si le mal persiste, voire devient chronique, consulter un médecin.
> En cas de mal de dos dû à un effort ou un faux mouvement, penser à consulter un ostéopathe ou un physiothérapeute, surtout si l’antidouleur est inefficace après 24 heures.
> Enfin, ne pas habituer les enfants et adolescents à prendre des cachets pour un oui ou un non, et surtout, jamais sans autorisation.