En 2017, Bon à Savoir lançait Nutriscan: la première application suisse destinée à déterminer le nutri-score de nos aliments et boissons grâce à notre smartphone.

Lancé la même année en France, cet étiquetage en cinq couleurs a progressivement été adopté et affiché par de grands groupes agroalimentaires comme Danone et Nestlé à partir de 2019. Puis, dans la foulée, par plusieurs distributeurs, Aldi, Coop ou Migros, sur une partie de leur assortiment.

Industriels et distributeurs ne voyaient évidemment pas d’un bon œil l’arrivée d’un tel système de notation. On en comprend facilement la raison. Il met en évidence par des lettres de «A» à «E» ce qu’ils avaient pris l’habitude de dissimuler en petits caractères sur les emballages.

En permettant aux consommatrices et aux consommateurs de comparer en un clin d’œil la qualité nutritionnelle des aliments de même catégorie, le nutri-score a donc poussé les fabricants à modifier la composition et les recettes de nombreux produits au fil des ans.

On peut s’en réjouir, mais avec précaution. Car pour gagner des notes, les géants de l’agroalimentaire ont plus d’un tour dans leur sac. Et pas toujours en faveur de notre santé.

Si certaines marques ont par exemple opté pour des céréales complètes afin d’augmenter la part de fibres et donc améliorer leur note, tout en offrant un meilleur produit, toutes les adaptations ne vont pas dans le même sens.

Certaines préparations ont été modifiées par l’ajout de produits moins sains, comme des exhausteurs pour remplacer une partie du sel dans une préparation (du ketchup qui gagne ainsi une note, passant de «D» à «C») ou d’additifs pour compenser une diminution du sucre dans une boisson.

En 2020, nous avons donc décidé de surveiller cette pratique et d’afficher dans notre application Nutriscan+ la liste des additifs, en plus du score nutritionnel, pour mettre en évidence ces astuces.

Ce constat, les développeurs du nutri-score l’ont fait également. Depuis le début de cette année, la formule du calcul pour déterminer les notes a été modifiée afin de corriger plusieurs incohérences (lire «Le nutri-score pénalise les édulcorants»).

En ligne de mire notamment, les «soda light». Le nutri-score pénalisera désormais la présence d’édulcorants, et les notes de cette catégorie passeront de «C» à «D», voire «E», soit le plus mauvais score.

L’industrie agroalimentaire n’a certainement pas dit son dernier mot, ses tentatives de torpiller le nutri-score en coulisses en sont la preuve.

Mais il est réjouissant de constater que, face à ces géants, la résistance reste possible. A nous donc d’utiliser les outils à notre disposition et de continuer à comparer pour éviter la malbouffe.

Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef