En période d’inflation, nous cherchons toutes et tous à réduire l’impact des hausses de prix sur nos porte-monnaie. En achetant moins, en comparant, en changeant nos habitudes ou en découvrant parfois de nouvelles enseignes moins chères.

Face à nous, la grande distribution poursuit un but un peu différent: éviter que ces hausses de prix ne fassent baisser la consommation. En clair: continuer à vendre, à croître si possible, à offrir les produits les moins chers tout en gardant des marges confortables, voire, parfois, indécentes.

Si ces deux visions s’opposent, les grands distributeurs et les industriels ont de nombreux outils à leur disposition pour les faire converger. La baisse de la qualité des produits en est un, en faisant appel à des ingrédients bon marché, souvent moins intéressants nutritionnellement et moins sains («cheapflation»).

Une autre manière de masquer l’inflation, c’est de répartir les hausses sur de nombreux produits, afin de lisser l’effet des augmentations. A la caisse, votre panier coûte plus cher, sans que vous ne sachiez vraiment pourquoi, ni à quoi renoncer.

Il existe bien d’autres moyens encore, mais le plus insidieux d’entre eux s’avère de plus en plus fréquent depuis quelques mois: la shrinkflation, «réduflation» en français.

Cette stratégie consiste à diminuer le contenu d’un produit sans baisser son prix. Vous payez toujours 3 fr. vos barres de céréales, mais vous n’en avez plus que deux au lieu de trois, dans un emballage quasiment identique. C’est 50% de hausse, sans toucher au prix de vente.

Dans l’article que nous consacrons à ce sujet (lire ici), nous avons trouvé de nombreux exemples aussi discrets qu’efficaces. Le riz Express Ben’s Original est passé de 250 g à 220 g en un an, son prix baissant aussi. En apparence. De 3.50 fr. à 3.30 fr. En faisant le calcul aux 100 g, cela représente en réalité une augmentation de 7% du prix.

Les barres chocolatées Mars ou Snickers sont désormais vendues par 5 alors qu’il y en avait 6 il y a quelques mois. Résultat: 9% de hausse. Le yaourt Danone végétalien Alpro a pris 16%.

Cette stratégie de la shrinkflation n’est pas toujours facile à repérer, c’est la raison pour laquelle nous avons besoin de votre aide pour nous transmettre les cas que vous auriez rencontrés. Nous pourrons ainsi vous les signaler dans les numéros à venir.

Enfin, gardons en tête que, selon une étude du Fonds monétaire international, seule la moitié des hausses de prix entre 2022 et 2023 était justifiée par une augmentation des coûts. L’autre moitié a été perçue comme un bénéfice supplémentaire.
Et c’est nous qui l’avons payé.

Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef