Comment repérer les signes du HPI?
Chez les enfants, certains traits et attitudes répétitives peuvent laisser supposer un haut potentiel intellectuel. Une curiosité tous azimuts qui se manifeste par des questions précoces sur la mort, l’univers, l’environnement ou les relations sociales, une tendance à être créatif, à être autodidacte, ou encore un apprentissage précoce de la lecture et de l’écriture peuvent mettre sur la voie.
Des indices qu’il faut prendre avec des pincettes: ils ne remplacent pas l’évaluation professionnelle. Leur mention peut aider un praticien dans son travail, voire motiver la décision d’en consulter un en cas de difficultés vécues au quotidien.
Logiquement, on retrouve aussi parmi ces signes extérieurs les aspects qui entrent en matière lors d’un bilan psychologique. Enfants comme adultes peuvent faire montre d’une très bonne mémoire, maîtrise du langage ou compréhension des concepts. A noter qu’il est parfois plus ardu pour des non-professionnels de repérer certains signes chez les femmes et les filles. A cause de préjugés hommes-femmes tenaces, d’aucuns les mettent sur le compte d’un prétendu raffinement ou d’une plus grande expressivité qui leur serait caractéristique.
Des associations aident à valoriser le haut potentiel
Le regard posé sur les personnes douées est souvent très négatif, regrette Claudia Jankech, spécialiste en psychologie de l’enfant et de l’adolescent et psychothérapeute à Lausanne. La maturité des enfants HPI déstabilise les adultes, qui prennent leur attitude pour de l’arrogance… alors qu’ils restent avant tout des enfants, avec leur besoin de reconnaissance et d’encouragement. Les parents des HPI sont aussi mal perçus et subissent les clichés; pourtant, ils poussent rarement leurs enfants et doivent plutôt s’efforcer de les suivre. Pour la psychothérapeute, il existe une «peur de l’intelligence et des têtes qui dépassent», comme une ambivalence sociale.
C’est ce qui vaut à de nombreux HPI de ne pas tirer profit de leurs capacités et de se réfugier dans des stratégies d’adaptation. Les aspects positifs du haut potentiel ne sont que trop peu évoqués, déplore Sophie Prignon, fondatrice du cabinet Hi-Mind. Alors qu’on associe souvent à tort capacités élevées et troubles psychologiques ou psychiatriques, il y a une sorte de pudeur et de gêne à mettre ces richesses en évidence. Des études ont pourtant montré que les QI élevés ont une meilleure espérance de vie, vieillissent moins vite et ont moins de risques de mourir de démence.
Plusieurs initiatives existent en Suisse pour offrir un soutien aux personnes douées et à leur entourage, mais aussi les mettre en lien et les orienter vers les aspects positifs du HPI. C’est le cas de l’Association suisse pour les enfants à haut potentiel (asehp.ch), qui représente 650 familles en Suisse romande et organise des rencontres avec les parents, des activités pour les enfants ainsi que de nombreuses conférences et congrès. L’Association suisse pour les adolescents et adultes surdoués (asaas.ch), qui compte entre 150 et 200 membres et est à la fois ouverte aux hauts potentiels et à toutes personnes qui les côtoient, organise des rencontres, sorties et conférences scientifiques sur le HPI, dans un but d’échange et de partage. Elle vise le développement prochain d’une plateforme permettant de collaborer autour de projets solidaires.