La non-adhésion thérapeutique coûterait 30 milliards à la Suisse
Selon des chiffres fournis par Marie P. Schneider Voirol, la facture annuelle de la non-adhésion thérapeutique est estimée à 125 milliards d’euros pour l’Europe et serait comprise dans une fourchette de 100 à 300 milliards de dollars aux Etats-Unis.
Dans notre pays, un calcul de pharmaSuisse aboutit à un total de 30 milliards de francs. «Un malade chronique qui se tient à la prescription de son médecin génère en moyenne une dépense de 10 000 fr. par an. S’il n’adhère pas à son traitement, le coût est multiplié par quatre», affirme la faîtière des pharmaciens dans sa publication Faits et chiffres 2020. Le surcoût individuel moyen atteindrait ainsi 30 000 fr. et concernerait un million de malades chroniques sur les 2,2 millions que compte le pays, soit une addition totale de 30 milliards de francs. Cette estimation n’engage toutefois que les pharmaciens. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) affirme «ne pas pouvoir confirmer ces chiffres», et parle d’«extrapolation».
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La FMH et pharmaSuisse demandent plus de moyens
Face au problème de la non-adhésion thérapeutique, la Fédération des médecins suisses (FMH) déplore que «les conditions cadres pour une prise en charge médicale de bonne qualité ont été péjorées par les décisions politiques en Suisse». La FMH met en cause le raccourcissement de la durée de consultation dans le tarif médical décidé en 2018: «les médecins ont désormais moins de temps à disposition pour expliquer aux patients comment agit un médicament et pourquoi il doit être pris selon les prescriptions de l’ordonnance. Différentes études montrent pourtant que cela augmente la fidélité au traitement», précise la FMH.
PharmaSuisse relève que la problématique est complexe et plaide, comme première piste, pour la coopération et la mise en réseau des différents professionnels qui gravitent autour du patient. La faîtière des pharmaciens milite aussi pour que ces derniers puissent fournir des prestations supplémentaires qui soient remboursées par la LaMal telles que des mesures et des conseils favorisant l’adhésion thérapeutique. Ce n’est pas le cas à l’heure actuelle.