Depuis plusieurs semaines, le franc suisse ne cesse d’enchaîner les records face à l’euro. Pourtant, rien n’y fait: le prix des produits importés (vêtements, livres chaussures, aliments, etc.), lui, ne chute pas en conséquence.
Les différences sont telles, que le surveillant des prix encourageait récemment les Helvètes à s’approvisionner de l’autre côté de nos frontières!
Certes, Migros a annoncé hier une baisse de prix de l’ordre de 10 à 20% sur 500 produits. Peu avant, Coop a décidé d’en exclure de son assortiment en les bradant jusqu’à épuisement du stock. Quant à Denner, la filiale de Migros, elle a réduit les prix d’une cinquantaine de produits de marque.
Dès lors, à qui profite vraiment le crime? Aux fabricants qui dictent leurs prix sur le marché suisse? Aux fournisseurs qui ne répercutent pas la baisse de la devise européenne? Aux distributeurs qui ne cherchent qu’à accroître leur marge? Tous se refilent la patate chaude et, affirment en cœur ne pas tirer profit de la fermeté du franc suisse. Ainsi, selon Anastasia Li-Treyer, directrice de l’Union suisse des articles de marque Promarca, les 3/4 de ses membres répercutent les baisses de changes sur les prix qu’ils pratiquent. Ce serait donc bien les distributeurs qui s’en mettent plein les poches. Le quart restant poursuivant les négociations.
Il n’empêche: alors que le franc s’est retrouvé quasiment à parité avec l’euro ces derniers jours, les consommateurs helvétiques continuent à se faire tondre comme des moutons.
Un constat auquel est également arrivé le secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) dans un rapport publié en juillet dernier. Sa conclusion: «En comparaison internationale, la Suisse compte actuellement parmi les pays dans lesquels la répercussion des variations de change est plutôt inférieure à la moyenne». A qui la faute?
Chantal Guyon