Eviter la mort des librairies
Un accord et une loi pour harmoniser les prix
Des gros calibres comme Payot et Fnac ne paniquent pas: les prix gonflés sont sans doute néfastes à moyen terme, mais leur donnent, dans l’immédiat, une marge suffisante pour attirer le client par de multiples actions (et du coup se livrer à un féroce duel dont l’enjeu est la part de marché). Editeurs et libraires plus modestes sont plus inquiets: comme le rappelle Marlyse Pietri, «les actions sur les best-sellers rabotent l’intérêt pour les livres plus rares, qui ont ainsi l’air plus cher... A terme, le choix s’amenuise. Il faut une solidarité culturelle entre livres, entre un Goncourt et un tirage confidentiel: c’est en vendant le premier que le libraire a les moyens de proposer le second!» Quant aux distributeurs, ils savent que leur viabilité dépend de la densité du réseau des librairies.
Pour une baisse
Bref, une quasi-unanimité se dégage en faveur d’une inversion du courant. Secrétaire général de la Société des libraires et éditeurs de la Suisse romande, François Perret a donc pris l’initiative d’une démarche en vue d’un abaissement progressif des tabelles et de l’instauration d’un prix minimal. «Deux choses nous donnent de l’espoir, dit-il: le fait que le Tribunal fédéral ait tout récemment admis le recours des libraires alémaniques contre l’interdiction de leur accord sur les prix; et le fait que le Conseil fédéral, globalement, ait pris la situation du livre en Suisse suffisamment au sérieux pour commanditer un rapport, dont les conclusions vont contre l’abandon d’un système de prix unique.»
Les rencontres entre acteurs romands, alémaniques et tessinois se multiplient depuis 2001, et il semble aujourd’hui raisonnable d’espérer une Loi fédérale sur le prix des livres d’ici à 2005. Mais comme le temps presse, le Secrétaire patronal et le directeur de l’OLF Patrice Fehlmann ont entrepris de convaincre les différents acteurs de se mettre d’accord, sans attendre, sur une baisse progressive des tabelles. On saura le 24 septembre, lors de la séance de l’Association romande des diffuseurs et distributeurs de livres, si les partisans de la baisse l’ont emporté.
Gros écueil
Un écueil, toutefois, et de taille, à ce déploiement de bonne volonté: Payot et Fnac ne sont affiliées à aucune des associations professionnelles citées.
Peut-on imaginer un accord efficace sans la participation de ces poids lourds?