Les Suisses ont les caves les plus accueillantes du monde. En cas de conflit, les 95% de la population trouveront en effet refuge dans un abri de la protection civile. Les places sont toutefois mal réparties. Dans le canton de Neuchâtel par exemple, le Val-de-Ruz est trop bien doté, alors que le Val-de-Travers manque d’abris. Idem pour les villes de Neuchâtel, Le Locle ou La Chaux-de-Fonds, qui ne peuvent offrir une protection qu’à la moitié de leurs populations.
La Confédération continue donc à exiger l’aménagement d’abris pour toute nouvelle construction. Depuis 2004, Berne a toutefois diminué ses exigences en édictant la règle des deux tiers: pour neuf pièces habitables, il ne faut ainsi aménager que six places protégées. Reste que, pour qui construit une maison, ce perfectionnisme a un prix, plus ou moins élevé selon l’option choisie:
- l’aménagement de l’abri;
- la taxe ou contribution de remplacement;
- l’aménagement, chez soi, d’un abri commun.
Berne ayant délégué aux communes la compétence de veiller à ce que leurs habitants trouvent refuge en cas de conflit, c’est donc avec elles qu’il faudra négocier la solution adéquate.
L’abri
Les individualistes opteront pour leur propre abri, à condition bien sûr d’avoir une maison excavée. Le local sera alors ventilé et équipé d’une porte et d’un volet blindés, de toilettes à sec et du nombre de couchettes prescrit, prêtes dans les 24 heures en cas de besoin. Cette solution est la plus coûteuse: pour une villa de six pièces, l’aménagement d’une cave standard reviendra ainsi à 10 000 fr. environ.
La taxe
Dans les régions suffisamment dotées d’abris PC, ou s’il est impossible, pour des raisons techniques, d’en construire un, le propriétaire d’une maison de moins de huit pièces habitables peut opter pour la contribution de remplacement. C’est l’option la plus courante et la plus avantageuse. Cette taxe, unique, est dégressive selon le nombre de places nécessaires et diffère selon les cantons (voir tableau). Elle sert à financer l’entretien des abris publics, déjà construits par les communes.
L’abri commun avec les voisins
Dernière option: dans les lotissements de villas, les communes qui n’ont pas encore réalisé leur quota de places protégées préfèrent souvent négocier avec un seul propriétaire. Celui-ci aménagera alors dans son sous-sol un abri commun à plusieurs maisons. «L’opération est consignée dans un acte notarié qui garantit la servitude», explique John Golay, responsable des constructions à la protection civile pour le canton de Vaud.
Côté finances, les voisins s’acquitteront de la taxe et le propriétaire assumera les frais d’aménagement. Il ne sera toutefois de loin pas perdant s’il souhaite disposer d’un grand local en sous-sol, car la commune lui versera un dédommagement qui peut ainsi atteindre 1000 fr. par place dans le canton de Vaud: de quoi payer largement les quelque 15 000 fr. nécessaires à aménager un abri pour vingt personnes. Dans le canton de Fribourg, précurseur en matière d’abris communs, un propriétaire a même reçu 43 000 fr. pour un abri qui lui coûté 27 600 fr.
Dans les régions pauvres en abris, il vaut donc la peine d’approcher sa commune. Et de rester en bon termes avec ses voisins!
Claire Houriet Rime
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