Séduit par la foulée des Masaïs, qui parcourent des kilomètres à pieds nus, un ingénieur suisse a conçu l’«antichaussure»: d’épaisses semelles arrondies permettent aux citadins de dérouler le pied du talon aux orteils.
A chaque pas, un coussinet souple inséré dans le talon des Masaï Barefoot Technology (MBT) amortit le choc, épargnant les articulations et les vertèbres. La manière de poser le pied oblige à adopter une posture droite. Du côté des utilisateurs toutefois, les avis divergent. Certains ne jurent que par ce type de chaussures et ne peuvent plus s’en passer, alors que d’autres se plaignent d’avoir eu plus mal après qu’avant. Qui croire?
Apprendre à dérouler le pied
«Sur le plan scientifique, rien ne prouve l’efficacité de ces semelles», affirme le Dr Gérald Gremion. Ce spécialiste en médecine du sport au CHUV relève que la plupart des études publiées sur le sujet ne sont pas neutres, car elles ont été commanditées par les fabricants. Les rares analyses indépendantes relèvent, quant à elles, que le port de MBT peut soulager en cas d’arthrose modérée, mais que ce n’est pas la règle. «Chaque sujet y répond différemment, comme c’est d’ail leurs le cas des supports plantaires», conclut Gérald Gremion.
D’autres praticiens prescrivent au contraire le port de MBT pour soulager les personnes souffrant de tendinites ou de problèmes articulaires. Chantal Monnier, professeure de gymnastique Pilates, à Lausanne, y est aussi très favorable: «Ces chaussures favorisent une posture idéale et stimulent la circulation.» Les mollets et les muscles fessiers sont en effet nettement plus sollicités qu’avec des souliers normaux, à condition d’adopter une démarche adéquate.
Pas de kilos en moins
En revanche, comme le souligne encore le Dr Gérald Gremion, «il est inutile d’espérer perdre le moindre kilo en portant ce type de chaussures». Du reste, la marque MBT a atténué lesdits messages dans ses publicités, contrairement à certaines copies – dont Skechers – qui promettent, encore et toujours, que les fameuses semelles «aident à brûler des calories et favorisent l’amaigrissement». Des arguments qui n’ont jamais été prouvés!
Copies différentes
Face à la marque originale, vendue dès 279 fr., divers fabricants tentent de s’imposer sur ce marché et proposent des chaussures aux semelles arrondies à des prix inférieurs. Sont-elles des répliques strictement identiques? La réponse est négative. En effet, les EasyTone, de Reebok, ont un deuxième coussinet sous la plante du pied qui ralentit la démarche au lieu de favoriser le déroulement du pied, ce qui produit un tout autre effet. Plus légères que les MBT, les Shape-up, de Skechers, confèrent pour leur part davantage de stabilité, car l’amortisseur couvre une bonne partie de la semelle et est moins mou. Elles sont donc plus faciles à apprivoiser, mais le contact avec le sol est plus dur.
A côté de ces variantes, dont les prix se situent aux alentours de 150 fr., certaines grandes surfaces commercialisent des avatars à partir de 39 fr. Qui reproduisent bel et bien la forme arrondie de l’original, mais ne sont généralement pas équipés d’amortisseur.
Pour tenter de ressentir les effets de la démarche des Masaïs, le consommateur n’a donc pas d’autre choix que de tester une ou plusieurs différentes paires. A noter que les MBT peuvent être essayées une semaine pour 20 fr. En cas d’achat, ce montant est déduit du prix. Une option qui permettra à chacun de voir s’il arrive à retrouver le Masaï qui dort en lui.
Claire Houriet Rime
PRISE EN CHARGE
Assurances partagées
La diversité des avis des consommateurs et des spécialistes se reflète dans l’attitude des caisses maladies. Les chaussures MBT ne sont pas remboursées par l’assurance obligatoire, mais certaines compagnies les prennent partiellement en charge, notamment en cas d’inflammation du tendon d’Achille.
Les assurances complémentaires de ÖKK et de Sympany allouent ainsi 50% du prix des chaussures, mais au maximum 250 fr. sur deux ans. Helsana et Swica octroient jusqu’à 90% du prix d’achat, toutefois sur présentation d’une ordonnance médicale. Ces avantages ne figurent pas toujours dans les conditions générales d’assurance, d’où la nécessité d’interroger sa compagnie pour être fixé.