Petit exemple éloquent: Corinne et Delphine* s’offrent une folle journée de shopping à Paris. Chacune dépense 1000 euros, à l’aide de sa carte
de crédit. La somme est débitée de leur compte, quelques semaines plus tard, le 15 avril 2003.
Corinne reçoit alors de sa société de crédit une facture de 1500 fr. et Delphine une de 1522 fr., soit 22 fr. de plus pour une dépense exactement identique. Explication de cette «injustice»: la carte visa de Corinne émane de l’UBS et celle de Delphine du Credit Suisse.
n Chère American
Avec une American Express, les achats leur seraient revenus encore plus chers: 1543 fr., soit 43 fr. de plus qu’avec la Visa de l’UBS.
Ces constatations ressortent de l’enquête menée par Bon à Savoir auprès des différents émetteurs de cartes de crédit (voir tableau). Nous avons voulu chiffrer combien les instituts de crédit chargent leurs clients pour des dépenses de 1000 †, 1000 $ et 1000 £, en choisissant trois dates de débit du compte, soit les 1er, 5 et 10 avril 2003.
Résultats phares
– L’argent plastique de l’UBS est le plus rentable. Ses cartes Visa et Eurocard/Mastercard sortent aux premier et deuxième rangs de notre test. Viennent ensuite les cartes émises par la Cornèr Bank.
– Les voyageurs tributaires de Swisscard sont, en revanche, souvent les plus lourdement chargés.
– Les Diners Club et Viseca sont aussi relativement chères. Viseca regroupe les cartes de crédit des Banques Cantonales, Raiffeisen, Coop et Migros.
– Il est possible d’économiser près de 2,5% sur ses dépenses à l’étranger en
optant pour une carte bon marché. Pour un montant annuel s’élevant à 10 000 fr. par exemple, cela représente une différence notable de 250 fr. Lorsqu’on voyage souvent, il peut donc valoir la peine de changer de carte de crédit.
Le porte-parole de Swisscard, Marc Hensch, relativise toutefois ce constat: «Le détenteur «moyen» de cartes de crédit ne dépense que 1500 fr. par année à l’étranger. Dans son cas, les différences de taxe annuelle pèsent beaucoup plus lourd dans la balance.»
Ces taxes varient, en effet, d’une société de crédit à l’autre, selon le type de carte et de client. Elles sont souvent inexistantes pour les étudiants, mais peuvent aussi s’élever entre 50 et 200 fr.
– Il importe peu que l’on détienne une Visa ou une Eurocard/Mastercard. Chez UBS et Cornèr Bank, les différences entre ces deux cartes sont assez minimes. Et les autres organismes de crédit leur appliquent les mêmes conditions pour les devises étrangères.
– Il est en général avantageux de prendre sa carte auprès d’un organisme qui ne demande pas ou peu de commission. L’exemple de la Viseca montre néanmoins que même si la commission est faible, l’utilisation de la carte peut être lourdement chargée quand l’organisme de crédit impose à son client un taux de change défavorable.
Swisscard, UBS et Viseca déclarent utiliser le taux de vente. Cornèr Bank et Diners Club, quant à eux, calculent un taux moyen. Mais comme leurs taux de référence émanent de différentes sources, le résultat de leurs calculs de moyenne n’est pas identique.
Dur de vérifier
Par conséquent, le client ne peut vérifier sa facture que grosso modo, en demandant à plusieurs banques le taux de change correspondant au jour du débit du compte. De plus, dans leurs conditions générales, la plupart des diffuseurs de cartes précisent – en tout petits caractères – que non seulement l’entreprise peut changer en tout temps sa commission, mais aussi que le client accepte le taux de change qu’elle applique. Cette dernière clause est toutefois discutable d’un point de vue juridique.
Felix Oescher, porte-parole de l’UBS Card Center se veut néanmoins rassurant: «Quand un client peut nous prouver que nous sommes entièrement à côté de la plaque, nous corrigeons le taux de change. Mais c’est rare et cela arrive surtout avec des devises exotiques.»
Pas infaillible
L’infaillibilité des instituts monétaires a pourtant fortement été remise en question dernièrement. Une enquête du magazine de consommation alémanique K-Tipp, similaire à la nôtre, a révélé que la société Telekurs avait transmis aux banques des taux de change erronés durant tout le mois de novembre 2002. Ces erreurs ont faussé les opérations effectuées en dehors de l’Europe avec la carte EC qui, grâce à la fonction Maestro, peut aussi permettre d’acheter sans argent liquide à l’étranger. Du coup, quelque 30 000 détenteurs de carte EC se sont fait rembourser un montant total d’environ 150 000 fr.
K-Tipp a également montré que les achats effectués en Europe avec la carte EC des banques Migros, Raiffeisen ou UBS coûtent à peu près aussi cher qu’avec les cartes de crédit les plus économiques. Le détenteur d’une Swisscard ou d’une Viseca ferait donc mieux de payer avec son EC.
Mais là encore, pour une dépense effectuée à l’étranger, le montant débité du compte varie d’une banque à l’autre, car les taux de change communiqués par Telekurs sont majorés différemment. Et la cuisine interne qui sert aux calculs n’est à nouveau pas clairement expliquée.
Thomas Müller / jd
*Exemples fictifs