L’essor des voyages internationaux et l’interdiction des pesticides très puissants ont favorisé le transport des punaises de lit. A l’époque, elles se logeaient principalement dans les bagages des globetrotteurs et le problème était limité. Mais, de nos jours, elles ont trouvé refuge partout en Suisse. Plus besoin donc de partir à l’étranger pour être exposé à ce genre de parasites. Max Hagner, de l’entreprise éponyme, parle d’ailleurs de situation «catastrophique».
Désormais, personne n’est à l’abri! Roger Keller, patron d’AS désinfection, rappelle que l’hygiène n’est pas un facteur déterminant. Si les endroits précaires sont certes plus touchés, des appartements très propres sont aussi concernés et même des établissements de luxe. Pour éviter le pire, toutes les précautions sont bonnes à prendre.
Piqûre et bouton
Une punaise de lit est aussi plate qu’une feuille de papier quand elle n’est pas gorgée de sang. Du coup, elle se faufile dans des interstices de quelques millimètres, sous le papier peint, le parquet, derrière les plinthes et les tableaux. Mais, surtout, elle adore rester à proximité de sa proie: lits, matelas, tables de chevet et canapés sont ses endroits préférés.
Les déjections de ces parasites sont d’ailleurs souvent visibles sous forme de taches noires sur les bois de lit. Elle s’y cache la journée et attaque pendant la nuit pour sucer le sang de ses victimes – bras, jambes, dos, torse, etc. Généralement, les réactions cutanées apparaissent le lendemain des piqûres et se présentent sous forme de plaques et de boutons rouges. Mais tout dépend de la sensibilité de chacun. Une partie de la population ne ressent même rien du tout!
Méthode radicale
Une fois le mal identifié, il faut surtout ne rien déplacer, puis faire appel à une entreprise professionnelle, de préférence membre de la Fédération suisse des désinfestateurs (FSD)*. Max Hagner préconise plutôt le traitement thermique qui consiste à chauffer les locaux infestés à plus de 50°C pendant des heures. Mais l’opération peut coûter cher: plusieurs milliers de francs selon l’ampleur du phénomène.
La méthode utilisant de la terre de diatomée et des insecticides est beaucoup plus fréquente. Pour Gérard Cuendet, biologiste et responsable de la formation professionnelle à la FSD, il faut compter entre 400 fr. et 600 fr. pour traiter une pièce en une demi-journée. Sans compter la préparation qui, selon le spécialiste, est l’une des clés du succès: démontage du lit, du sommier, des interrupteurs, des prises, etc. Et tout un chacun a intérêt à laver à 60°C, ce qui n’est pas trop dommageable, à mettre au congélateur (à – 20°C) les autres vêtements et peluches et à placer les bouquins au four à une température minimale (env. 50°C).
Qui paie?
Se débarrasser de ces insectes a donc un prix, et pas des moindres selon la gravité de la situation. Puisqu’ils se faufilent partout et passent d’un appartement à l’autre, il est conseillé de demander aux voisins s’ils sont également concernés. Car, quand tout l’immeuble est touché, les frais de travaux de désinsectisation sont à la charge du bailleur, conformément à son devoir d’entretien. Mais attention: pour que la régie ou le propriétaire paient l’intervention, le locataire doit pouvoir prouver qu’il n’en est pas responsable. Or, il est très difficile de déterminer l’origine exacte de la présence des punaises. Et donc très souvent impossible de désigner avec certitude le fautif.
Marie Tschumi
* www.old.fsd-vss.ch
EN PRATIQUE
Comment prévenir
Pour éviter la présence de punaises chez soi, quelques gestes peuvent être utiles:
> Ne pas y introduire du mobilier d’occasion sans l’avoir inspecté. Et, en particulier, celui qui provient des puces!
> Rester méfiant si l’on trouve un matelas flambant neuf dans la rue: il peut être infesté.
> Examiner scrupuleusement le matelas et la chambre d’hôtel pendant ses vacances et mettre sa valise loin du lit (pour éviter que les punaises ne s’invitent dans les bagages).
> Si, de retour à la maison, le doute subsiste: vider ses affaires dehors, au froid de préférence, les mettre au congélateur et sprayer sa valise méticuleusement avec du pyrèthre, un insecticide végétal.