Acheter de la literie bon marché peut réserver de bien mauvaises surprises. Serge Vallotton en a fait la douloureuse expérience. Le 3 août 1999, cet habitant de Prilly (VD) achète deux duvets d’oie chez Duvet Shop S.A., à Genève, au prix de 324,50 fr. pièce. Pour ce montant, il pense avoir obtenu la meilleure qualité qu’on puisse trouver en matière de literie: un fourrage constitué à 90% de flocons d’oie; ces petites plumes qui garnissent le ventre des oiseaux, sont réputées pour leur douceur et leur gonflant.
Quelques mois plus tard, pourtant, Serge Vallotton déchante une première fois. Les deux couettes se vident pitoyablement de leurs plumes. Pensant à un défaut des fourres, il retourne chez le vendeur pour procéder à un échange. Le magasin accepte la réclamation sans difficulté, et Serge Vallotton rentre chez lui avec deux duvets neufs. Il croit l’affaire réglée. Mais six mois plus tard, rebelote: les plumes s’échappent de toutes parts des nouvelles couettes. Cette fois, il se rend dans un autre magasin de literie. Il espère récupérer la garniture pour l’insérer dans du tissu de meilleure qualité. Quelle n’est pas alors sa surprise d’apprendre que ses duvets ne contiennent que ... poussière et déchets de plumes!
Etiquettes mensongères
«Les étiquettes de ces duvets sont mensongères, estime Claude Fuchs, expert agréé par l’ASMAIS (Association suisse des maisons d’aménagement intérieur et des selliers). Lorsqu’une couette porte l’inscription «90% duvet», elle doit contenir 90% de flocons. C’est essentiel pour la qualité, car le flocon, qui reste toujours compact, donne du volume au duvet. Or, pour faire du bon marché, certains fournisseurs remplacent les flocons par des déchets de plumes. C’est le cas de ces articles. Ils ont l’air doux et confortables, mais en réalité ils ne résistent pas et n’ont aucun gonflant.»
Contacté par Bon à Savoir, le directeur de Duvet Shop S.A., qui refuse de communiquer plus que son prénom – M. Daniel – conteste les propos de l’expert: «En seize ans d’activité, nous n’avons jamais reçu de plainte concernant la qualité de notre marchandise. Manifestement, ce monsieur regrette son achat et cherche à se le faire rembourser.» Forte de cet argument, l’entreprise refuse de rendre l’argent réclamé par notre lecteur. Elle insiste pour procéder à un nouvel échange. Serge Vallotton, qui ne veut pas vivre une troisième mauvaise expérience, va faire appel à la justice pour faire valoir ses droits.
Sophie Pieren
conseils
Pour faire le bon achat
A l’œil nu, rien ne permet malheureusement de distinguer un bon duvet d’une couette de mauvaise qualité. Le consommateur n’a donc d’autre choix que de se fier à l’étiquette, où sont indiqués le type et le pourcentage de flocons. Ce qu’il faut néanmoins savoir:
• Ce qui fait une bonne couette, à la fois chaude et légère, c’est la qualité du flocon.
• Il existe sur le marché des duvets en flocons de canard ou en flocons d’oie. Les duvets d’oie sont de meilleure qualité. Il y a, en outre, une différence de prix entre l’oie blanche, plus prisée, et l’oie grise cendrée. Cependant leur qualité est semblable.
• Les meilleurs duvets comportent jusqu’à 95% de flocons.
• Vérifier également qu’il soit bien précisé «duvet neuf». A défaut, la couette a peut-être été fabriquée à partir de flocons recyclés.
• En Suisse, les manufactures de plumes et duvets se sont associées pour créer une garantie de qualité. En achetant de la literie portant le logo «Plumarex», vous vous assurez que la garniture correspond bel et bien à ce qui est inscrit sur l’étiquette. Cette inscription vous certifie en outre que les plumes sont neuves, propres et d’origine suisse.