Motos et scooters sont devenus non seulement des moyens de transport pratiques et avantageux, mais aussi une mode. Beaucoup de gens échouent toutefois à leur premier examen de conduite, notamment lors du test de freinage. A l’exemple de ce candidat malheureux qui, désécurisé par la pluie, mais aussi intimidé par un expert autoritaire et peu avenant, a dérapé lors du freinage et a chuté, heureusement sans conséquences graves.
Cette scène, qui s’est déroulée l’an dernier sur sol vaudois, suscite au moins trois questions:
• doit-on vraiment effectuer ce freinage à 50 km/h, même en cas de pluie (voir encadré)?
• qui est responsable en cas d’accident?
• les inspecteurs ont-ils le droit d’intimider les candidats?
Intimidation interdite
Florian Burki, de l’école de conduite Fun School à Morges, confirme que certains inspecteurs du service des automobiles vaudois ne sont pas toujours aimables. «Certains tentent de mettre les candidats à l’aise, mais d’autres les intimident d’entrée et maintiennent la pression durant l’examen. Une majorité de mes élèves de l’an passé, qu’ils aient raté ou réussi, s’en sont plaints.»
Par ce comportement, les experts violent les directives de l’Association des services des automobiles concernant les examens pratiques. Celles-ci stipulent en effet qu’ils doivent recevoir le candidat aimablement et atténuer sa peur de l’examen en faisant preuve de respect, de tolérance, de compréhension et de patience.
Cependant, les attitudes négatives restent rares. Ni le moniteur fribourgeois Jean-Bernard Chassot, ni le Valaisan Gérald Malfonti, de l’auto-école Flash, à Collombey, n’ont enregistré des plaintes de leurs élèves: «Au contraire, les experts valaisans encadrent les candidats dès le début de l’examen pour les rassurer.»
«Il est possible que, parfois, le souci de tenir l’horaire puisse nuire à un contact chaleureux, explique Alfred Forestier, adjoint du chef du service des automobiles vaudois. Surtout si le candidat est en retard et formule des demandes particulières. Car l’examen se fait avec quatre candidats et deux inspecteurs, et leur temps est limité.» Les plaintes ne sont d’ailleurs pas remontées jusqu’à M. Forestier. Il admet cependant que ceux qui doivent repasser leur permis, notamment suite à un mauvais accueil, n’osent peut-être pas s’en plaindre. Il se déclare prêt à revoir la sensibilisation de ses inspecteurs si les plaintes devaient se multiplier. Avis aux futurs candidats au permis moto!
Conducteur responsable
«Si un candidat chute pendant le freinage, ce qui arrive, la responsabilité lui en incombe, souligne encore M. Forestier. Et il ne peut invoquer l’intimidation par l’expert s’il échoue, car il est seul sur sa moto et doit s’occuper de son engin, pas de l’inspecteur. Enfin, gérer le stress d’un examen fait aussi partie des conditions pour le réussir.»
Florian Burki le rejoint partiellement: «Le comportement des inspecteurs n’est pas seul en cause. Souvent, les jeunes conducteurs veulent passer leur permis trop vite, sans disposer de la maîtrise suffisante de leur moto. Dans bien des cas, il leur faudrait un mois d’exercices supplémentaires.»
Ellen Weigand
QUERELLE D’EXPERTS
Indispensable freinage
Florian Burki est catégorique: «Savoir freiner à 50 kilomètres à l’heure au moins, sur route sèche ou mouillée, est indispensable. Car le conducteur peut rencontrer une situation d’urgence à tout moment. Les exigences de l’examen pour motocyclistes sont donc tout à fait pertinentes.»
Mais «tous les cantons n’exigent pas le même test de freinage, précise Alfred Forestier, du service des automobiles vaudois. Certains demandent le freinage d’urgence autorisant le blocage de la roue arrière (réd.: au min. 50km/h) et d’autres le freinage optimum (réd.: lancé à environ 50 km/h, le candidat doit s’arrêter le plus vite possible en freinant surtout à l’avant et sans quitter sa trajectoire). Nous avons retenu cette deuxième technique, qui implique un juste dosage dans l’utilisation du frein. Nous estimons le freinage d’urgence dangereux, car souvent mal maîtrisé. Et cela même s’il fait partie des exercices pratiqués durant les huit heures de cours de base obligatoire».
Florian Burki, motard depuis 31 ans, ancien champion suisse et pilote de Grand prix de moto, n’est pas d’accord: «En freinant surtout à l’avant, comme l’exige le service des autos, le conducteur est plus facilement déséquilibré. Un freinage d’urgence serait plus approprié. Il se maîtrise parfaitement avec un peu d’exercice, comme je le fais avec mes élèves.»
Conclusion: avant de passer votre permis, renseignez-vous sur les exigences de votre canton,.
E. W.