Mickey Mouse au pays des lapins en chocolat
Les chocolatiers suisses modernisent les formes des lapins, désormais plus dynamiques, colorés et expressifs. Les oreilles de Mickey viennent même jouer les trouble-fêtes pascals!
Sommaire
Bon à Savoir
14.03.2002
Blaise Guignard
Dans un lapin de Pâques, les oreilles constituent «le» morceau de choix. Car, outre le plaisir «d’assassiner» la friandise encore intacte en les prélevant, c’est là que le chocolat est le plus épais. En effet, il se concentre dans les attributs démesurés de l’animal emblématique des fêtes pascales lors du processus de fabrication industriel: «Une dose précise de chocolat liquide est déposée dans la première moitié du moule, explique Gérard Quera, maître chocolatier c...
Dans un lapin de Pâques, les oreilles constituent «le» morceau de choix. Car, outre le plaisir «d’assassiner» la friandise encore intacte en les prélevant, c’est là que le chocolat est le plus épais. En effet, il se concentre dans les attributs démesurés de l’animal emblématique des fêtes pascales lors du processus de fabrication industriel: «Une dose précise de chocolat liquide est déposée dans la première moitié du moule, explique Gérard Quera, maître chocolatier chez Nestlé. La deuxième partie vient s’emboîter. Puis, on centrifuge le tout pour répartir le chocolat sur les parois internes. Il ne reste alors plus qu’à démouler le lapin.»
Tout est mangé
C’est en automne que commence la production des articles de Pâques, qui représentent – tous fabricants confondus – quelque 4100 tonnes de chocolat (soit environ 5% de la production annuelle). Les lapins attendent donc les gourmands depuis de longues semaines déjà dans les dépôts ou les rayons des magasins...
Et après les fêtes, que deviennent les invendus? A en croire les fabricants, il n’y en a presque pas. Et si c’était le cas? «Il est impensable de refondre les lapins et de réutiliser le chocolat pour confectionner d’autres produits, notamment pour des questions d’hygiène», précise Susan Hoby, porte-parole de Migros. Les lapins qui n’auront pas trouvé preneur avant Pâques seront donc bradés et, en dernier recours, distribués dans des institutions.
n Marché conservateur
Les recettes sont jalousement gardées par les fabricants. «A celle du chocolat au lait traditionnel, on ajoute du beurre de cacao, ce qui rend la pâte plus fluide et plus facile à répartir dans les moules», consent à dire Gérard Quera. C’est ce qui donne à ce chocolat une texture particulièrement fondante...
Autre constante: on cultive la tradition. «La plupart des lapins n’ont changé ni de forme ni de goût ces dernières années», remarque Susan Hoby. Le leader du marché s’est toutefois adapté au goût récent des Suisses (surtout romands) pour le chocolat noir, qui représente 25% de sa production de lapins (contre 60% pour le chocolat au lait et 15% pour le chocolat blanc). Mais chez Lindt & Sprüngli, on se veut conservateur avant tout: le chocolat au lait représente 90% de la production...
Plus expressifs
Soucieux toutefois d’étoffer sa gamme de produits par des nouveautés, ce chocolatier joue sur les formes: «Au Moritz au look rétro, muni d’une petite hotte, est venu s’ajouter le Stefano, rondelet et souriant, décrit Sylvia Kälin, responsable de la communication chez Lindt & Sprüngli. Et enfin le lapin or, aux lignes nettes et emballé dans un papier d’aluminium doré.»
Cette évolution répond d’ailleurs à une tendance générale: la pose des lapins devient moins statique, plus moderne, plus colorée. Leur expression se fait rieuse, voire malicieuse. Et chez Nestlé, on joue même la carte «multiculturelle»: c’est un Mickey qui est venu apporter un peu de fantaisie dans la gamme des lapins
de Pâques!
Sophie Reymondin