Chronique d’une affaire peu ordinaire: à 16 h 41, un homme retire 1000 fr. à un Bancomat de Winterthour avec une Postcard volée. Dix minutes après, il entre dans un bureau de La Poste de la même ville et prélève quatre fois 500 fr. Dans les 13 minutes qui suivent, il se rend à une autre Poste, où il effectue deux retraits, pour un montant total de 900 fr. Puis, entre 17 h 09 et 17 h 46, il dépense 2784 fr. dans les magasins de Winthertour. Enfin, à 18 h 25, la carte est bloquée par La Poste, sur demande de sa propriétaire légitime.
En 65 minutes, le voleur est donc parvenu à retirer 6684 fr. «Comment se fait-il que nous ne soyons pas mieux protégés?», s’indigne la personne lésée. Premièrement, il est certain que le voleur a eu connaissance du code de la carte, affirme La Poste. Probablement en lisant par-dessus l’épaule de sa détentrice, au moment où elle composait son code sur les touches d’un appareil. Ensuite, il faut savoir qu’avec la Postcard, il est possible de retirer jusqu’à 4000 fr. en une seule fois, pour autant qu’on se rende à un guichet postal.
Limite de crédit
Au Postomat en revanche, la limite maximale est de 1000 fr. par jour. Quant aux achats à l’aide de la carte, ils peuvent s’élever à 3000 fr. par mois. Conclusion: la Postcard permet d’obtenir 8000 fr. en un jour, sans signature mais avec le code.
Dans les mêmes conditions (connaissance du code, absence de signature, durée d’un jour), la Carte EC offre une protection légèrement meilleure, qui varie d’une banque à l’autre: les sommes perçues indûment peuvent aller de 6000 à 7000 fr. Quant aux cartes de crédit (Visa, Eurocard), elles ne laisseraient pas un voleur commettre autant de dégâts en si peu de temps. Il se heurterait à la limite de retrait maximale, qui varie entre 1000 et 3000 fr.
Aussi longtemps qu’une carte n’est pas bloquée, son détenteur doit assumer les montants débités. Mais La Poste et les banques examinent, de cas en cas, la possibilité de prendre en charge une partie du dommage. Dans le cas évoqué plus haut, La Poste a remboursé 60%. Une de nos lectrices a eu moins de chance (voir encadré). La plupart des banques acceptent d’assumer 80% du dommage, pour autant que le client ait pris les précautions d’usage: ne pas noter son code par écrit à proximité de la carte, faire immédiatement bloquer la carte.
Conseils
• Veillez à ce que personne ne puisse lire par-dessus votre épaule au moment où vous composez le code.
• A l’automate, ne vous laissez pas approcher par des inconnus qui prétendent vous aider.
• Ne donnez jamais votre numéro de code par téléphone, même si votre interlocuteur se dit policier ou employé de votre banque.
• Ne conservez pas le code par écrit à proximité de la carte, mais mémorisez-le.
• Conservez à plusieurs endroits le numéro de la ligne téléphonique permettant de faire bloquer la carte.
E. M. / B
Retraits avec une carte bloquée
L’essence continuait pourtant de couler à flot
Christiane Bouquet n’a pas eu de chance: sa Postcard lui a été subtilisée dans sa voiture, sans qu’elle s’en rende compte. Et elle n’a été en mesure de la faire bloquer que trois jours plus tard. Entre-temps, le voleur ne s’est pas privé de retirer de l’argent: 2350 fr. au total! Mais une fois la carte bloquée, les prélèvements indus n’ont pas cessé... Au grand désarroi de notre lectrice, de l’essence a encore été achetée à diverses stations, pour une somme totale de 660 fr.
Comment est-ce possible? Postfinance reconnaît que la carte bloquée a encore pu être utilisée «à cause d’un problème technique». Les 660 fr. ainsi volés ont donc été intégralement remboursés par le service financier de La Poste. Qui n’a toutefois dédommagé notre lectrice qu’à hauteur de 20% pour les autres 2350 fr. dérobés. «Chaque cas de fraude est différent et, par conséquent, chaque client est traité de manière individuelle, en considérant toutes les circonstances, comme par exemple le moment du blocage et la perte de la carte avec le code», explique Alex Josty, porte-parole de Postfinance. Notre lectrice est convaincue de n’avoir pas gardé le code à proximité de la carte. Sans doute aura-t-elle été victime d’un espion, comme dans le cas relaté ci-dessus. S. Pr