Selon un sondage restreint mené par notre rédaction et celle de l’émission On en parle (La Première, RSR), les boîtes aux lettres vaudoises reçoivent une moyenne annuelle de 27 kilos de publicité non adressée. Six personnes ont en effet mis de côté tous les prospectus, brochures et autres journaux gratuits reçus à leur domicile un an durant. Ces 165 kilos de paperasse ont ensuite été soigneusement triés par régions et catégories (voir tableau ci-dessous).
Les différences entre les régions sont énormes, mais peu surprenantes. La boîte aux lettres très éloignée de Riex n’a, par exemple, reçu «que» 16,5 kilos de publicité, contre plus de 40 à Morges, submergée de divers journaux gratuits de la Côte, mais aussi de Lausanne.
Si l’on excepte, précisément, les journaux gratuits ou à l’essai, ce sont – et de loin – les secteurs du bricolage (Jumbo en tête, avec une moyenne de 897 g/an) et de l’audiovisuel (Interdiscount, 1 kg) qui draguent le plus les consommateurs. Puis viennent les grandes surfaces (en tête: Coop, 865 g), la mode (Vögele, 800 g), l’ameublement (Conforama, 635 g)
et le groupe de la santé et des cosmétiques (Sun Store, 561 g). Lot de consolation: les «arnaques» non adressées sont rares…
Un chiffre à doubler
Les résultats de l’enquête correspondent à ceux calculés par les professionnels du marketing direct. On peut donc les généraliser à toute la Suisse romande. Mais ils ne représentent que la moitié de ce qui est annuellement déposé dans nos boîtes aux lettres. La publicité adressée, distribuée par La Poste, et dont nous n’avons pas tenu compte dans le cadre de notre enquête, est au moins aussi importante que celle distribuée par les services de messagerie. Ce sont donc au moins 54 kilos de pub qui alourdissent chaque année notre boîte aux lettres!
Autocollant efficace
Une seule parade à cette invasion de paperasse: l’autocollant «Pas de pub, SVP». Il figure sur un tiers des boîtes aux lettres suisses (mais un quart seulement en Suisse romande). «Et il est efficace!», assure Françoise Michel, de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Ce que confirme Jean Schneider, directeur de BVA Logistique (no 2 du marketing direct en Suisse romande): «Non seulement nos employés ont reçu l’instruction de respecter le vœu ainsi émis, mais ils ne pourraient de toute façon pas faire le contraire, puisque nous répertorions régulièrement les boîtes au lettres sans autocollant et ajustons nos commandes de prospectus en fonction de celles qui en ont.»
Un problème toutefois: certaines communes envoient leurs avis officiels en tous ménages. Du coup, leurs habitants ne les recevaient pas… La FRC est donc intervenue et a obtenu que les employés de La Poste les différencient de la publicité. Du coup, rapporte Françoise Michel, certains publicitai-res profitent de la faille et passent outre l’autocollant en rangeant leur prospectus dans une enveloppe destinée «Aux habitants de la commune»…
Autre façon de détourner l’interdiction: certains journaux gratuits ont imprimé leur propre autocollant (par exemple, «Lausanne-Cités, oui»), que l’on peut coller à côté de celui interdisant la pub. Une instruction complémentaire également respectée par les messageries. Or, ces mêmes titres encartent de la publicité dans leur journal…
Christian Chevrolet