La 5e révision de l’assurance invalidité n’a pas épargné les jeunes: une lectrice genevoise en a fait l’expérience récemment. Elise* a 23 ans. Elle est atteinte d’un glaucome congénital, une affection rare, touchant le plus souvent les deux yeux, qui provoque un rétrécissement irrémédiable du champ de vision. Le glaucome dont souffre la jeune femme est en outre associé à une cataracte.
Née avec une tension très élevée dans chaque œil, Elise a subi plusieurs opérations dès
ses premières semaines de vie. «Pour l’instant, je m’estime heureuse, j’ai certes un handicap, mais il n’empire pas de manière alarmante. A terme pourtant, je devrai me faire réopérer, c’est certain et le risque de cécité est assez important», confie-t-elle.
Pas de prise en charge par l’AI
Le port de lunettes lui ôtant toute vision périphérique, elle se rend, sur les conseils de son ophtalmologue, chez un maître opticien, afin de mettre au point des verres de contact spécialement adaptés. Leur élaboration prendra plusieurs mois et de nombreux essais seront nécessaires pour trouver la forme qui corrige le mieux sa vision: elle souffre en effet d’une déformation de la pupille et de l’iris, rendant le port de lentilles classiques totalement impossible. «Mon acuité visuelle atteint désormais 40% et j’ai maintenant une distance de lecture confortable, puisque je gagne 4 cm. Pour quelqu’un qui voit bien, c’est peu, mais, pour moi, cela m’aide vraiment», explique Elise.
L’ophtalmologue et l’opticien lui ayant assuré, de bonne foi, que ladite facture serait prise en charge par l’AI, Elise envoie donc sa demande à l’Office cantonal des assurances sociales de Genève (OCAS), à la fin de l’année dernière. La facture se monte au total à 2438 fr. Le 28 janvier 2011, la réponse de l’OCAS tombe:
sa demande est rejetée, parce qu’elle a plus de 20 ans révolus. Elise est amère: «Je ne bénéficie pas d’une rente d’invalidité, je travaille comme tout le monde et on m’enlève ce petit coup de pouce parce que j’ai dépassé la vingtaine!» Et de s’interroger sur la validité de cette réponse.
Malheureusement pour notre lectrice, la loi sur l’assurance invalidité, adoptée dans le cadre de la 5e révision de l’AI, entrée en vigueur en 2008, est on ne peut plus claire. Les assurés n’ont droit que jusqu’à l’âge de 20 ans aux mesures qui ne soignent pas l’affection en tant que telle, mais qui sont directement nécessaires à leur réadaptation. Et encore faut-il que ces mesures améliorent durablement la capacité de gain de l’assuré ou tout du moins la préservent d’une diminution notable!
Assurance maladie à la rescousse
Elise ne se souvient pourtant pas d’avoir été avertie personnellement par l’AI au moment où elle a atteint l’âge de 20 ans. La porte-parole de l’OFAS le confirme: «Les offices cantonaux n’informent les assurés du changement de la loi que lors qu’une demande de prise en charge leur parvient. Toutes les modifications sont publiées sur internet», précise-t-elle encore.
Désormais, ces mesures médicales sont financées par l’assurance maladie, jusqu’à concurrence du montant fixé par la loi. Ce dernier varie selon les pathologies. Dans le cas de notre lectrice, il se monte à 630 fr. par œil, soit un peu moins de la moitié du total de la facture. A noter: selon le type de prestations, la prise en charge peut être unique, annuelle ou être accordée tous les 2 ans, tous les 5 ans, etc. Chaque cas doit donc faire l’objet d’une évaluation, indique l’OFSP.
Cerise sur le gâteau: la quote-part et la franchise restent à la charge des assurés!
Chantal Guyon
* Prénom d’emprunt.