Le «lombard», simplement dit, se définit comme un crédit garanti par des titres (boursiers ou autres), grevé d’un intérêt d’environ 4,75%. A première vue, il peut paraître absurde d’emprunter de l’argent et de payer des intérêts, alors qu’on dispose d’un portefeuille de valeurs bien garni: ne vaudrait-il pas mieux en vendre quelques-unes, afin de dégager du cash? Le cas se pose, classiquement, à celui qui veut acheter un bien immobilier, mais n’a pas assez de liquidités pour payer les fonds propres. Situation identique pour l’investisseur actif, qui n’a pas toujours de l’argent frais au moment où des opportunités d’achat se présentent – comme cela s’est produit au début de cette année, avec la forte correction subie par la Bourse.
Beaucoup de gens n’aiment pas trop toucher à leur portefeuille, réticents qu’ils sont à en diminuer le capital, et donc le rendement, explique Yves Petten, de la Banque Cantonale Vaudoise. Et on les comprend d’autant mieux si ce portefeuille affiche un bon rendement. Si, par exemple, il dégage 20% de plus-value par année, il est logique de laisser gonfler ce capital, en payant à la banque des intérêts de 4,75% ou 5% pour un crédit lombard: il reste encore 15% de bénéfice, dont une partie pourra servir à l’amortissement du crédit.
Parallèlement, l’emprunteur fait une économie fiscale, puisque sa charge de dettes déductibles augmente.
- Qui a droit au prêt lombard? Pour bénéficier d’un tel prêt, il faut disposer d’un dossier-titres à la banque. Toutefois, on peut aussi mettre en nantissement une assurance vie ou des métaux précieux. Il est aussi possible d’offrir en garantie le dossier-titres d’un tiers, dans la famille par exemple. En principe, le portefeuille doit être déposé dans la banque qui accorde le prêt.
- Comment cela fonctionne-t-il? Le prêt a la forme d’un compte courant assorti d’une limite de crédit, ajustée aux besoins du client, par exemple 150 000 fr. Le client prélève le montant dont il a besoin immédiatement, disons 130 000 fr., qui apparaissent en rouge sur le compte. Il ne paiera des intérêts que sur cette somme, autrement dit sur l’argent qu’il utilise effectivement. S’il a besoin de davantage, il pourra puiser dans le compte, jusqu’à concurrence de la limite.
Un plan d’amortissement personnalisé est défini entre la banque et le client, qui court souvent sur plusieurs années – sous réserve de l’âge de l’emprunteur. Celui-ci rembourse selon le plan établi, qui peut être modifié au besoin, mais le plus vite possible, avant les prêts hypothécaires puisque le taux d’intérêt du lombard est plus élevé que celui des hypothèques (+1% en tout cas).
- Combien puis-je emprunter? Le prêt est toujours inférieur à la valeur du portefeuille. Le montant maximum est déterminé par l’analyse de celui-ci. Plus les valeurs sont sûres (actions de sociétés cotées «triple A», obligations de la Confédération...), plus le prêt pourra être élevé. A l’inverse, un portefeuille composé d’instruments financiers à fort rendement mais à haut risque ou libellé en monnaies étrangères (risques de change) ne pourra garantir qu’un prêt d’un montant nettement inférieur à la valeur du portefeuille.
- Combien d’intérêts devrai-je payer? Le taux d’intérêt est de l’ordre de 4,75% à quoi s’ajoute la commission trimestrielle de 0,25%. En fonction du montant, il est également possible d’obtenir un taux bloqué pour une durée définie, et de profiter d’un taux plus avantageux que ces 4,75%.
- Pourrai-je encore gérer mon portefeuille? Oui. Certes, la banque gardera un œil sur les mouvements. En cas de vente de titres, une partie du résultat servira automatiquement à l’amortissement du prêt. La limite du compte courant pourra aussi être réduite, en fonction de l’évolution du portefeuille.
Le crédit lombard est une solution pratique et souple, offerte par toutes les banques où l’emprunteur dispose d’une marge de négociation appréciable avec l’établissement – grâce, bien sûr, à sa qualité de client ayant du répondant...
Philippe Barraud