Le rituel de la douche est pour beaucoup un geste quotidien laissant échapper de la salle de bains des parfums de vanille, de noix de coco, de fruits, de musc, des odeurs plus mâles et d’autres plus féminines. Mais que contiennent ces gels douche que nous faisons mousser des pieds à la tête? Pour y répondre, nous avons fait analyser – en collaboration avec notre partenaire alémanique saldo – quatorze gels et crèmes de douche. Le laboratoire allemand Wiertz-Eggert-Jörissen, à Hambourg, a recherché dans les échantillons plusieurs substances controversées, parmi lesquelles le formaldéhyde, les muscs polycycliques ou encore des parfums au fort pouvoir allergène (lire l’encadré).
Résultats réjouissants
Notre choix se compose à la fois de produits de marque, parmi les plus vendus, de produits propres aux magasins, de gammes à bas prix, ainsi que d’un article naturel. Les résultats sont plutôt réjouissants: huit des quatorze gels douche sont exempts des substances recherchées et obtiennent la mention «très bon». Mais deux produits ne passent pas la barre du «satisfaisant» (voir tableau).
La marque Palmolive est la grande perdante de notre test: tant la crème de douche miel et lait hydratant que le Tahiti douche au lait de coco contiennent trois des cinq substances nocives analysées. Colgate-Palmolive réfute la présence de composés de muscs polycycliques dans le premier puisque «nos propres analyses n’ont pas décelé de tels composés».
Quant à la présence de formaldéhyde dans le Tahiti douche lait de coco, le fabricant assure que la composition du produit a changé et que celui que nous avons testé n’est plus disponible en magasin. Selon nos observations, à fin janvier, le formaldéhyde ne figurait plus sur la liste de composition du produit, contrairement à ce qu’indiquait l’étiquette du gel douche acheté en décembre 2007 et envoyé au laboratoire.
Douze des quatorze produits testés se passent de diéthyl-phtalate, preuve que la substance n’est pas indispensable à la fabrication d’un gel douche. Face à ce constat, ni Unilever (fabricant de Rexona), ni Colgate-Palmolive n’ont souhaité commenter la présence de ce composé critique dans leur produit.
L’argument de la loi
Concernant les composés de muscs polycycliques, autant Unilever (pour Axe) que Colgate-Palmolive s’appuient sur la législation suisse qui tolère cette substance dans les cosmétiques. Il en va de même des parfums hautement allergènes pour lesquels les fabricants des produits M-Budget, Jovial, Rexona et Tahiti douche précisent que leur mention sur les emballages n’est pas obligatoire pour les quantités mesurées. Mais du fait de leur aspect potentiellement nocif et de leur absence dans les autres produits testés, nous avons dévalué d’un point ceux qui en contenaient.
Certains détaillants font preuve d’une certaine prise de conscience à l’égard de l’utilisation de substances critiques dans les gels douche. Denner nous a ainsi fait part de sa décision, prise avant la réalisation de notre test, de confier le gel douche Jovial à un autre fabricant, celui-ci ayant omis de mentionner la présence de muscs polycycliques. Le nou-vel article devrait être garanti exempt de ce composé.
L’enseigne Coop, quant à elle, envisage de remplacer les parfums utilisés dans les produits testés par des «variantes hypoallergéniques là où cela est techniquement possible». Et cela, bien qu’aucun parfum hautement allergène n’ait été décelé par notre laboratoire dans le Tonga Body & Hair Sport ou dans le gel douche Prix Garantie.
Beat Camenzind / élo
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Les substances critiques
La cosmétique utilise des ingrédients suspectés d’être nocifs pour la santé. Le laboratoire allemand Wiertz-Eggert-Jörissen a recherché la présence de certaines de ces substances dans notre échantillonnage de gels douche:
1 Formaldéhyde – Puissant désinfectant et agent conservateur reconnu cancérigène en 2006 par le centre international de recherche sur le cancer. En contact avec la peau, il risque de provoquer de fortes réactions allergiques.
2 Diéthyl-phtalates – Utilisés en cosmétique pour faciliter la pénétration dans les couches superficielles de la peau et pour prévenir les craquelures des vernis. Certains d’entre eux sont reconnus comme étant nocifs.
3 Parfums allergènes – Il existe des milliers de substances odorantes, naturelles ou de synthèse utilisées en mélange pour produire les parfums. Certaines d’entre elles sont allergènes et peuvent déclencher une réaction à partir de quantités infimes.
4 Muscs polycycliques – Produits toxiques et peu biodégradables. Ils perturbent le métabolisme cellulaire et sont suspectés d’être mutagènes.
5 Composés halogènes organiques – Ils s’accumulent dans l’environnement sous forme de poussière et certains peuvent provoquer des allergies et des cancers.
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