Réclames et spots publicitaires ne cessent de vanter la sécurité et le confort des serviettes hygiéniques. A grand renfort de liquide bleu, ils vous démontrent comment ces mêmes serviettes absorbent, sans débordement, le flux menstruel. Bon à Savoir a voulu vérifier si tout était aussi simple et a confié les 15 serviettes hygiéniques les plus vendues à un laboratoire.
Résultat: le leader du marché Procter&Gamble n’exagère pas la qualité de ses produits Always Ultra Night et Always Ultra Normal Plus, qui tous deux obtiennent la mention «très bon».
Le laboratoire s’est concentré sur deux aspects:
1. Le pouvoir absorbant et la rétention de l’humidité: En conditions normales, une serviette hygiénique devrait absorber environ 5 millilitres de sang menstruel de jour, et 20 millilitres la nuit. Tous les produits testés ont atteint ces valeurs sans problème.
Mais de bonnes serviettes doivent non seulement absorber vite et bien le liquide, elles doivent aussi empêcher l’humidité de remonter à la surface. Plus de la moitié des produits testés remplissent parfaitement cette condition et obtiennent la mention «très bon» (voir tableau).
Seules deux serviettes, la Clarette ultra plus, de la maison Denner, et la Sana naturelle sont considérées comme insuffisantes. Le fabricant de cette dernière – la fabrique de pansement de Schaffhouse – reconnaît le problème et conseille, dans sa prise de position, de n’utiliser son produit que pour les menstruations faibles: «En tel cas, notre serviette – la seule sans matière synthétique – est d’un très bon confort.»
2. Substances chimiques: Il n’y a pas de réglementation concernant la composition de ces produits. «Il n’existe qu’une condition: que les serviettes ne contiennent pas de substan-
ces nuisibles à la santé», précise Barbara Wissmann, spécialiste des produits cosmétiques à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Nous avons tout de même effectué une analyse chimique, portant sur les points suivants (lire aussi l’encadré technique):
– Métaux lourds: aucune serviette hygiénique ne contient du cadmium, du chrome, du cuivre, du plomb, du mercure ou du nickel. Mais deux d’entre elles contiennent du zinc: Always ultra super plus et Linda plus de Coop. Cette substance, vitale pour l’organisme et présente dans la nature, peut avoir des effets nocifs et caustiques sur les muqueuses, comme celles de la région vaginale. Coop signale, dans sa prise de position, que le zinc arrive justement par voie naturelle dans les serviettes – par le biais du bois utilisé pour fabriquer les bandes de cellulose – et qu’il est sans danger en si petite quantité. Procter&Gamble ne se réjouit pas de la présence de zinc, mais note aussi que la quantité décelée n’est pas inquiétante pour la santé.
– Agents blanchissants: les agents blanchissants augmentent le confort, car le procédé de blanchiment adoucit la cellulose. Mais ils représentent une charge pour l’environnement. En effet, le blanchiment se fait essentiellement avec du dioxyde de chlore. Résultat: passablement de déchets, telle la dioxine, s’écoulent dans les égouts. Le recours au dioxyde de chlore laisse également des traces de combinaisons d’halogènes dans la cellulose. Elles peuvent irriter la peau, déclencher des allergies chez les personnes sensibles et même être cancérigènes. Seuls trois des produits testés s’en sortent sans égratignure: Always ultra night, Always ultra normal plus et Always ultra super plus. Les trois produits ne sont composés que de matières synthétiques, sans cellulose naturelle. Ils ne nécessitent donc pas de blanchiment.
Résultats satisfaisants (jusqu’à 60 mg/kg) aussi pour Molfina Ultra Plus couche alvéolée spéciale, Camélia ultra normal, Mélanie protection mince et Sana naturelle.
Pour Denner «l’objectif principal du blanchiment, c’est la propreté des matériaux». Et pour Migros, le blanchiment des serviettes est justifié par des raisons d’ordre psychologique: peu d’utilisatrices accepteraient des articles hygiéniques en cellulose non blanchie (de couleur brune).
Comment choisir?
La tendance est aux matières synthétiques, notamment pour la surface des serviettes hygiéniques. Si vous préférez des matières naturelles, il vous suffit de choisir votre produit à l’aide du tableau ci-dessous. En fin de compte, comme 12 des 15 produits obtiennent des bons résultats en ce qui concerne la rétention du liquide, ce sera probablement votre portemonnaie qui guidera votre choix: les prix des produits jugés «bon» à «très bon» varient en effet de 10 à 45 centimes/pièce.
Les phases du test
Le détail des analyses
L’Institut de recherche Isega d’Aschaffenburg (D) a examiné les serviettes hygiéniques les plus vendues en tenant compte des agents blanchissants, de la teneur en combinaisons d’halogènes et en métaux lourds (plomb, cadmium chrome, cuivre, nickel, mercure et zinc), du pouvoir absorbant et de la rétention de l’humidité à l’intérieur de la serviette.
- Rétention de l’humidité: lors de ce test, la serviette a été humidifiée avec 5 ml d’un liquide remplaçant le sang. Après dix minutes, un papier filtre a été appuyé durant 15 secondes sur la bande. On a ensuite pesé la quantité d’humidité absorbée par ce filtre:
– < 0,01 g = très bon;
– 0,01 à 0,1 g = bon;
– 0,1 à 0,2 g = suffisant;
– > 0,2 g = insuffisant.
- Combinaisons d’halogènes (OX): une teneur en OX de moins de 50 mg/kg laisse supposer un blanchiment à l’aide d’oxygène. Le blanchiment avec du dioxyde de chlore induit des teneurs en OX entre 80 et 240 mg/kg. C’est pourquoi les produits avec une teneur de plus de 50 mg/kg ont été dévalués dans notre appréciation globale.
- Métaux lourds: chaque métal trouvé par le laboratoire coûte des points dans l’appréciation globale.
- Appréciation globale: l’appréciation globale est pour l’essentiel basée sur la rétention de l’humidité sous la surface de la serviette hygiénique (mais en décomptant des points pour celles contenant des métaux lourds ou avec une teneur en combinaisons d’halogènes au-dessus de 50 mg/kg).
Télécharger le tableau comparatif de tous les produits.